mardi 30 décembre 2008

175ième anniversaire de la Paroisse Saint-Georges d'Henryville

Voici la liste des prêtres qui se sont succédés depuis la fondation de la Paroisse de Saint-Georges d'Henryville:
1832: Monsieur Jean-Narcisse Trudel (photo ci-contre / voir le texte le concernant - juillet 2008);











1833-1834: aucun prêtre résident;


1834-1835: Monsieur C. L. Vinet-Souligny;





1835-1842: Monsieur Perreault (qui joua un rôle important dans la rébellion des Patriotes: voir le texte relatif au capitaine Luc Fortin);

(note: Il quitte la paroisse le 22 septembre 1842.)

1842-1846: Monsieur Brouillette;

1846-1848: Monsieur Vincent Plinguet;

C'est celui-ci qui verra à la construction de l'église actuelle.
1848-1850: Monsieur Dallaire;

1850-1892: Monsieur St-Aubin;

1892-1896: Monsieur F. A. Bessettte;





1896-1898: Monsieur F. A. Bouvier;










1898-1907: Monsieur M. J. A. Foisy;




1907-1913: Monsieur M. P. C. Boulay;





1913-1917: Monsieur Benoit;

1917-1924: Monsieur Roy;

1924-1935: Monsieur Larose;

1935-1942: Monsieur Cusson;

1942-1952: Monsieur Pépin;

1952-1964: Monsieur Proulx;

1964-1965: Monsieur Jodoin;

1965-1991: Monsieur Pelletier;

1991-1999: Monsieur Jean Girard;

1999 à aujourd'hui: Monsieur Claude Boudreau;

(source: feuillet paroissial / Jeanne d'Arc Archambault

et

Photos: Fr. J.-D. Brosseau, Essai de monographie paroissiale - Saint-Georges d'Henryville)


























lundi 29 décembre 2008

Capitaine Luc Fortin


Le capitaine Luc Fortin fut un personnage influent et respecté dans la paroisse d'Henryville mais également de Saint-Sébastien.

Il possédait sur les confins de cette municipalité, entre Saint-Sébastien et Henryville, une vaste ferme qui passait pour être l'une des plus fertiles de toute la région.

C'était un homme actif, intelligent, sympathique et très charitable, qui jouissait de la considération de tous ses concitoyens.

Le capitaine Luc Fortin descendait en ligne directe de l'ancêtre Julien Fortin dit Bellefontaine, venu en 1650 de Notre-Dame-de-Vair, au Perche, jusqu'en Nouvelle-France. Son ancêtre à la 3ème génération, Louis Fortin du Cap St-Ignace, était le fils de Xainte Cloutier, petite-fille de maître Zacharie Cloutier, le charpentier originaire de Mortagne-au-Perche, arrivé au Canada en 1634.

Cette Xainte avait épousé en novembre 1681 Charles Fortin, fils de Julien. Deux autres petites-filles de Zacharie Cloutier épousèrent aussi à la même époque des fils de Julien, de sorte que les Cloutier et les Fortin furent des familles très liées aux premières générations canadiennes.

Bien que de même souche que les Fortin de la Baie St-Paul et de la Beauce, la lignée de Luc Fortin d'Henryville s'était détachée du tronc principal de St-Joachim, dès la deuxième génération, pour aller se fixer au Cap St-Ignace. C'est là que Luc naquit le 16 juin 1797, du mariage de Clément-Luc Fortin et de Madeleine Gaudreau.

À l'âge de 20 ans, c'est-à-dire vers 1817, il vint avec ses parents s'établir à Henryville, où il comptait bien faire son avenir en obtenant une concession dans cette région prometteuse, qui commençait à s'ouvrir à la colonisation.

Il y prit une terre en pleine forêt et, grâce à son travail, ainsi qu'à une sage administration, il en fit en quelques années une véritable ferme modèle, dont on faisait partout les plus grands éloges. Il y avait construit une belle et grande habitation en pierre des champs, comme cela se faisait beaucoup autrefois dans nos campagnes.

Cette imposante demeure paysanne fut malheureusement démolie vers 1906, pour être remplacée par une banale maison de bois, sans aucun caractère.

Luc Fortin amassa une fortune considérable pour son temps, tout en se montrant toujours d'une grande générosité pour les malheureux et les démunis. Sa charité était légendaire. Reconnu pour son respect de l'autorité et sa loyauté envers la Couronne d'Angleterre, Luc Fortin avait été choisi comme capitaine de la milice locale, un grade dont il était fier et qu'il aimait voir accolé à son nom, dans la conversation comme sur les documents publics.

Aussi disait-on toujours "Capitaine Fortin" quand on parlait de lui ou qu'on lui adressait la parole. Il était donc le dernier homme dans la région que lion aurait pu soupçonner de déloyauté envers les autorités anglaises. Pourtant, c'est exactement ce qui arriva... et voici comment.

On sait que lors des troubles de 1837, qui déchirèrent le Bas-Canada, plusieurs citoyens de la paroisse d'Henryville joignirent les rangs des "Fils de la Liberté" et se compromirent dans les rencontres de ces partisans avec les troupes anglaises. Il va sans dire que le capitaine de milice Luc Fortin, homme de jugement et de bon conseil, resta complètement en dehors de toutes les activités révolutionnaires qui marquèrent cette période mouvementée. Il n'approuvait pas ses compatriotes de s'attaquer à un pouvoir dont il leur serait impossible d'avoir raison, faute d'organisation, d'armes et de ressources. Mais il blâmait surtout Louis-Joseph Papineau, chef des rebelles canadiens-français et homme censé intelligent, de s'employer à échauffer les têtes et à entraîner dans la catastrophe de pauvres types mal armés et mal dirigés, dont la cause n'avait pas la moindre chance de réussir. Malgré tout cela, le sort lui réservait une mauvaise surprise.

Dans les jours qui suivirent les engagements de St-Denis et de St-Charles et la défaite des Patriotes en ce triste automne 1837, le chef Papineau, par la suite accusé de manque de jugement et même de pusillanimité, s'empressa de fuir, sachant que sa tête était mise à prix. Il voulut avant tout mettre la frontière des Etats-Unis entre lui et les soldats que le colonel Sir John Colborne avait lancés à ses trousses. En compagnie d'un partisan dévoué nommé Etienne Poulin, Papineau se dirigea donc vers le sud, passant par St-Hyacinthe et Marieville. Un soir, on arriva à Henryville, gros village situé sur la route conduisant vers le Vermont et la Nouvelle-Angleterre. La journée avait été harassante, à rouler péniblement dans des chemins que les pluies d'automne avaient rendus quasi impassables. La situation était d'autant plus critique que Papineau se savait recherché par des soldats anglais qui patrouillaient justement la région dans le but de l'empêcher de franchir la frontière. Il pensa et avec raison qu'il ne trouverait pas, pour passer la nuit, de refuge plus sûr que la maison du capitaine Luc Fortin, vu sa loyauté reconnue envers le gouvernement, aussi alla-t-il frapper à sa porte. Malgré son peu de sympathie pour le personnage, Fortin ne crut pas devoir déroger aux règles traditionnelles de l'hospitalité, qui veulent que l'on accueille charitablement tout voyageur qui vient demander secours. Il fit donc servir à manger au fuyard mais, au lieu de l'héberger, il ordonna à son engagé Chouinard d'atteler le meilleur cheval sur une charrette légère et d'aller immédiatement le conduire à la frontière. Avec l'aide d'autres affidés, dont les frères Médard et Julien Lamoureux, Louis-Joseph Papineau réussit à esquiver ses poursuivants et à traverser les bois marécageux qui s'étendent à l'extrémité nord de la Baie Mississiquoi. Enfin, le lendemain, il arrivait à Swanton, au Vermont et il ne devait plus revoir son pays avant l'amnistie générale proclamée plusieurs années plus tard.

Mais Fortin, qui aurait pu facilement livrer Papineau et toucher la prime offerte pour sa tête, allait payer cher son geste de généreuse hospitalité. Pour se réchauffer et peut-être aussi pour se donner du courage, le partisan Etienne Poulin qui conduisait le chef des Patriotes depuis Marieville, faisait consommation d'amples lampées de whisky blanc, ce qui le portait à oublier les règles les plus élémentaires de la discrétion. En arrivant au village d'Henryville, il répétait à tout venant, probablement fier de son rôle: "Ne le dites à personne, mais j'ai là Papineau avec moi!" Le bruit ne fut pas long à se propager et même à parvenir aux oreilles d'officiers anglais qui se trouvaient alors dans le village.

Ceux-ci décidèrent de faire un exemple et d'arrêter sans plus tarder le capitaine Fortin chez qui, leur disait-on, Papineau était allé se réfugier. Mais averti à temps de la délation et du danger qui le menaçait, Fortin s'éclipsa subrepticement dans la nuit, de sorte que les militaires, en arrivant chez lui, durent constater que l'oiseau s'était envolé.

Il était allé se cacher dans le grenier de l'ancien presbytère, où personne ne songea à aller perquisitionner. Il resta dans ce réduit durant plus de trois mois et seuls l'abbé Félix Perreault, le bon curé de la paroisse et sa ménagère Des-Anges Boulé, qui apportait au fugitif ses repas, savaient où il se trouvait. Tout le temps que dura le claustration du capitaine, sa famille ignora le lieu de sa cachette et son épouse, étant sans nouvelles, se rongeait naturellement d'inquiétude.

Mais le capitaine Luc Fortin finit par descendre de son grenier et rejoindre les siens. La situation s'était calmée peu à peu durant les mois qui suivirent le malencontreux incident. Les troupes anglaises s'étaient retirées et, à la suite d'une lettre de l'abbé Perreault à Colborne, pour l'assurer de l'entière loyauté de Fortin, celui-ci avait enfin regagné son domicile.

Le 3 juillet 1820, le jeune Luc alla se chercher une femme à L'Acadie, près de St-Jean. Il y épousa Angélique Brun, fille d'Olivier Brun et de Marie-Anne Dupuy, avec qui il devait vivre 21 ans et élever 7 enfants

Luc Fortin avait eu plusieurs enfants, dont Edouard, qui devint prêtre; Prudent, Jules et Sifroy, qui furent cultivateurs; et trois filles, Joséphine, Emma et Malvina, qui furent religieuses de la Congrégation Notre-Dame, à Montréal.

Après la mort d'Angélique survenue en 1841, Luc épousa l'année suivante une jeune veuve de Montmagny, Thècle Lecompte. Elle mourut à St-Sébastien le 9 décembre 1887, après une longue vie marquée par le travail, le dévouement et les bonnes œuvres.

Le capitaine Luc Fortin mourut sur sa ferme le 4 janvier 1871, après une vie bien remplie. Il avait 74 ans, Il eut d'imposantes funérailles et fut vivement regretté de toute la population, qui avait appris à apprécier ses belles qualités.

Ses restes mortels furent déposés dans le caveau de l'église de St-Sébastien, cette paroisse ayant été détachée de celle d'Henryville quelques années auparavant

Le souvenir du capitaine Luc Fortin persista longtemps après sa mort dans la mémoire de ses concitoyens, qui le considérèrent toujours comme un modèle d'honnêteté, d'intégrité, de charité et de bon jugement. Jamais ils n'oublièrent avec-quels détachement et générosité il s'était conduit à l'égard de Papineau, un agitateur dont il n'approuvait nullement les idées et les façons d'agir, mais qu'il refusa de dénoncer, sachant fort bien que le chef des Patriotes aurait été le premier à être exécuté par les Anglais si ceux-ci avaient pu lui mettre le grappin dessus. On peut dire que Luc Fortin fut le modèle parfait de "l'ancien Canadien" dans le meilleur sens du terme, le prototype du véritable gentilhomme campagnard, comme on en rencontrait souvent autrefois au Canada français.



Source :
Les CLOUTIER de Mortagne-au-Perche en France
et leurs descendants au Canada
Essai de généalogie portant sur la lignée de Raoul Clouthier et de sa famille, issue
de Zacharie Cloutier, premier colon du nom venu de France au Canada en juin 1634.
Sont aussi comprises dans cette étude des généalogies abrégées des familles Lafond,
Darche et Fortin auxquelles Raoul Clouthier est allié par son ascendance maternelle
et par son mariage.
Recherches, compilation et rédaction effectuées par RAOUL CLOUTHIER, 3222, avenue Kent, à Montréal.
Travail terminé en janvier 1973.

http://www.kyber.biz/downloads/clouHist.pdf